Peter Wright, figure emblématique de la Formule 1 moderne, s’est éteint à l’âge de 78 ans après avoir laissé une empreinte indélébile sur l’ingénierie, la technologie et la sécurité du sport automobile. Ingénieur brillant et visionnaire, Wright a été l’un des principaux architectes de la transition du sport vers l’ère technologique, abattant sans relâche les frontières de l’innovation depuis les années 1970 jusqu’aux années récentes.
Diplômé de Cambridge, Peter Wright entre dans le monde de la F1 chez BRM, avant d’étendre sa réputation chez Team Lotus. Il joue un rôle majeur dans le développement du célèbre effet de sol et des jupes aérodynamiques qui ont propulsé la Lotus 78 puis la Lotus 79 sur le devant de la scène à la fin des années 1970. Avec Colin Chapman, il repousse les limites, conjuguant science et audace. Leur travail révolutionnaire sur l’aérodynamique offre à Mario Andretti et Ronnie Peterson la domination lors du championnat 1978, inscrivant Lotus dans la légende.
Mais l’apport de Wright ne s’arrête pas à la performance pure. Passionné par l’aspect sécurité, il va ensuite consacrer une partie importante de sa carrière à rendre la Formule 1 plus sûre et plus durable, notamment en tant que président de la Commission Technique de la FIA. À cette position, il pilote l’introduction de normes strictes après des drames comme ceux de 1994 à Imola, sans jamais renier l’excellence technique du sport.
Sa contribution essentielle à la redéfinition de la sécurité se traduit par la conception de structures d’absorption d’énergie, de cockpits renforcés et l’élaboration des normes pour le HANS (Head and Neck Support). Cela a véritablement sauvé de nombreuses vies, tout en préservant la nature compétitive unique de la F1. Son expertise technique était mise à profit jusque dans l’organisation des Grands Prix en ville, où il savait anticiper et minimiser les risques, contribuant aux circuits éphémères de Bakou et de Singapour, par exemple.
Wright n’était pas seulement homme de projets, il était aussi pédagogue. À travers des centaines de présentations, de meetings et d’articles techniques, il partageait sans réserve ses connaissances, encourageant la croissance et la professionnalisation de nouvelles générations d’ingénieurs. Les directeurs techniques et ingénieurs d’aujourd’hui, de James Allison à Pat Symonds, lui doivent une partie de leur méthodologie et de leurs valeurs.
Sous sa direction à la FIA, le dialogue entre constructeurs, fournisseurs et gouvernance sportive atteint une fluidité rarement égalée. Wright savait fédérer autour de la passion de la course, motiver les équipes à innover en sécurité, tout en respectant l’essence spectaculaire de la F1. Son impact sur l’introduction de l’hybride, sur la recherche de carburants alternatifs et sur l’amélioration de la sécurité incendie montre à quel point il voyait plus loin que le présent immédiat.
Les hommages affluent de partout dans le paddock. De Toto Wolff à Christian Horner, tous reconnaissent la perte d’une « boussole technique » du sport. Même les pilotes, souvent peu enclins à parler règlement, saluent la vision et l’empathie de Wright, qu’ils considèrent comme « protecteur dans l’ombre » de leurs carrières. Sa personnalité chaleureuse, son souci du détail et son enthousiasme communicatif resteront gravés dans les mémoires.
Peter Wright n’aura pas seulement amélioré la Formule 1 : il a contribué à sauver des vies, tout en nous offrant certaines des pages les plus épiques de l’histoire du sport. Son héritage inspire déjà la prochaine vague d’innovations, promettant que la passion, la sécurité et la technologie continueront d’avancer main dans la main, comme il l’aurait voulu.