Le retour du Grand Prix d’Azerbaïdjan est toujours synonyme de spectacle et de suspense dans le monde de la Formule 1. Situé dans les rues sinueuses de Bakou, ce week-end de course s’annonce particulièrement intense, avec une attention toute particulière portée sur la stratégie pneumatique qui pourrait faire la différence. Les équipes et pilotes savent que les choix effectués avant même de s’élancer sur le tracé peuvent s’avérer décisifs lors du drapeau à damier.
Cette saison, la FIA et Pirelli, le fournisseur exclusif de pneumatiques, ont opté pour une sélection inédite afin de faire face aux spécificités du circuit urbain de Bakou. Contrairement à d’autres tracés, Bakou propose un mélange rare de longues lignes droites – l’une des plus longues de la saison – et de secteurs techniques où l’adhérence et la précision sont essentielles. Cela impose aux composés de gommes une plage de fonctionnement idéale très étroite, récompensant la finesse de réglage des écuries ainsi que l’expérience des pilotes.
Pirelli propose pour ce Grand Prix les trois composés les plus tendres de sa gamme : C3 (dur), C4 (medium) et C5 (tendre). Cette décision s’explique par la nature du revêtement azerbaïdjanais, plutôt lisse, qui engendre une usure des gommes relativement faible. Ainsi, les équipes devront jongler entre l’agressivité d’une stratégie à deux arrêts utilisant majoritairement les tendres et l’économie de pneus pour espérer tout miser sur un seul passage aux stands.
L’autre défi notable reste la gestion des températures. Les équipes devront surveiller de près la chauffe des gommes car sur un circuit urbain comme Bakou, les phases de freinage appuyées et les accélérations franches alternent avec des portions où il est difficile de maintenir les pneumatiques dans leur fenêtre idéale. Les ingénieurs devront ainsi peaufiner la pression de chaque pneu et adapter la stratégie de sortie des stands, surtout avec les relances de Safety Car fréquemment observées à Bakou, qui viennent bouleverser la hiérarchie des stratégies.
La gestion des pressions minimales fixées par Pirelli sera un point de crispation supplémentaire. Si une pression trop basse permet un meilleur grip initial, elle expose davantage au risque de crevaison ou de perte soudaine de performance sous forte charge. À l’inverse, une pression trop haute nuit à l’adhérence et provoque la surchauffe du pneu – un véritable casse-tête pour les stratèges et un facteur d’impondérable que certains outsiders pourraient mettre à profit pour surprendre les favoris.
Un autre aspect souvent sous-estimé à Bakou réside dans l’importance du “track evolution”, c’est-à-dire l’amélioration progressive de l’adhérence au fil du week-end, qui peut rendre certains trains de pneus particulièrement performants lors des derniers tours. Les essais libres permettront aux équipes de peaufiner leur compréhension du comportement des pneus sur ce bitume capricieux et d’ajuster la cartographie moteur afin de maximiser la motricité en sortie de virage serré.
Enfin, cette édition pourrait bien voir l’émergence de nouveaux noms sur le devant de la scène. Avec la proximité des murs à Bakou et le caractère imprévisible de son circuit, les erreurs sont rarement pardonnées. Les choix de pneus et la capacité à les exploiter au meilleur de leur potentiel pourraient transformer la course en véritable loterie stratégique, pour le plus grand plaisir des fans désireux de vivre un Grand Prix d’Azerbaïdjan aussi palpitant qu’inattendu.