Imaginez un instant que le championnat du monde de Formule 1 ait toujours utilisé le système de points actuel. Que se passerait-il si les légendes du sport et les héros contemporains avaient tous été jugés par les mêmes critères, du barème à 25 points pour la victoire jusqu'au point bonus du meilleur tour ? Cette question, passionnante pour tout passionné de F1, nous invite à repenser l’histoire du sport sous un nouvel angle.
Depuis 1950, la Formule 1 a régulièrement modifié son système d’attribution des points, ajustant les règles pour stimuler la compétition, récompenser la constance ou encourager les dépassements en piste. Aujourd’hui, le vainqueur engrange 25 points, suivi de 18, 15, 12, 10, 8, 6, 4, 2 et 1 point pour les suivants, et un supplément pour le meilleur tour en course. Mais que se serait-il passé si cette règle avait été appliquée depuis le début ? De nombreux palmarès auraient été chamboulés, bouleversant la légende de plusieurs pilotes.
Prenons d’abord Michael Schumacher, longtemps considéré comme l’empereur de la discipline avec 7 titres mondiaux. Selon les calculs retranscrivant les résultats historiques en appliquant le barème moderne, l’Allemand aurait pu ajouter un huitième sacre à son palmarès, dépassant même Lewis Hamilton sur le plan du nombre de championnats. D’ailleurs, Hamilton, avec déjà 7 titres égalant Schumacher dans la réalité, aurait perdu l’un de ses titres lors de la saison 2008 au profit de Felipe Massa, illustration parfaite de l’impact du système de points sur le destin sportif.
Mais l’un des changements les plus marquants réside dans la carrière d’Alain Prost. Le quadruple champion du monde français aurait pu revendiquer jusqu’à sept couronnes sous ce barème, s’insérant ainsi dans le cercle fermé des pilotes les plus titrés de l’histoire – un statut qui bouleverse les dynamiques entre générations. Nigel Mansell aurait également marqué davantage l’histoire, tandis qu’Ayrton Senna, le « Magic » brésilien, aurait pu connaître un récit légèrement moins doré, ne recueillant « que » deux titres au lieu de trois.
Mick Doohan, pourtant célèbre en MotoGP, n’aurait pas bouleversé le palmarès, mais des pilotes comme Sebastian Vettel ou Fernando Alonso apparaissent également impactés. Vettel serait toujours quadruple champion mais aurait pu prétendre à d’autres distinctions, tandis qu’Alonso et Jenson Button auraient vu leur héritage évoluer subtilement.
Ce jeu de réinterprétation des résultats historiques permet aussi de mesurer la singularité de certains règnes. Les premières décennies de la F1, où seuls les six premiers étaient récompensés, privilégiaient les victoires nettes ; aujourd’hui, la régularité et la capacité à finir dans les points sont tout aussi essentielles. Certains grands noms comme Niki Lauda ou Jackie Stewart voient leur palmarès inchangé, preuve de leur domination sans partage. À l’inverse, d’autres pilotes longtemps restés dans l’ombre d’un « presque » championnat y auraient trouvé la consécration que le barème d’époque leur a niée.
Au final, ce voyage virtuel à travers les décennies sous le prisme du barème moderne nous rappelle combien chaque décision réglementaire façonne l’histoire et la légende de la Formule 1. Si les débats restent nombreux et passionnés, une chose est sûre : quelle que soit l’époque, le talent et la détermination restent les grands artisans du succès en Grand Prix. Cela ne fait que renforcer la fascination autour de cette discipline unique, capable de se réinventer sans cesse tout en honorant ses héros passés et présents.