À l’occasion du Grand Prix d’Autriche 2024, Ferrari s’est retrouvée une nouvelle fois sous les projecteurs, non pas pour une victoire éclatante, mais pour une décision stratégique ayant suscité de nombreuses réactions parmi les fans et observateurs de la Formule 1. L’écurie italienne a opté pour une consigne d’équipe, demandant à Carlos Sainz de céder sa position à Charles Leclerc. Ce choix, loin d’être anodin, s’inscrit dans un contexte tendu où chaque point compte dans la lutte au championnat et la quête de réponses face à des performances fluctuantes.
L’équipe Scuderia, qui connaît actuellement des difficultés en termes de rythme depuis plusieurs courses, a justifié cette décision par une analyse détaillée et froide de la situation. Frédéric Vasseur, le patron de l’écurie, n’a pas hésité à s’exprimer sur le sujet après la course, soulignant que les éléments étaient réunis pour justifier une telle consigne. « La situation était claire pour nous », a-t-il expliqué, insistant sur le fait que les données collectées durant la course ont révélé que Charles Leclerc disposait d’un meilleur rythme et pouvait potentiellement aller chercher plus de points, notamment face à George Russell et les Mercedes.
Ce genre de scénario n’est pas nouveau chez Ferrari, ni dans d’autres équipes de pointe. Il met cependant en lumière la complexité de la gestion interne, particulièrement lorsque les ambitions personnelles se heurtent à la stratégie collective. Avec un calendrier surchargé et une concurrence de plus en plus féroce en milieu de grille, chaque décision est désormais pesée au millimètre près. Les supporters n’ont pas manqué de réagir sur les réseaux sociaux, certains soutenant cette approche pragmatique, d’autres regrettant de voir Carlos Sainz ainsi sacrifié pour favoriser Leclerc, considéré comme le pilote numéro un du clan rouge.
D’un point de vue purement sportif, Vasseur a également tenu à nuancer l’impact de cette consigne sur la dynamique de l’équipe : « Nos pilotes sont professionnels et comprennent les enjeux du championnat. Il n’y avait rien de personnel dans cette décision, simplement la volonté de maximiser les points pour Ferrari. » Il faut rappeler que la Scuderia doit faire face à une Red Bull redoutable et à des McLaren en pleine ascension – le moindre point perdu pourrait faire basculer la lutte pour la deuxième place au classement des constructeurs.
Plus globalement, cette décision soulève une question récurrente en Formule 1 : faut-il privilégier l’esprit d’équipe ou laisser la course se jouer librement entre pilotes ? Les partisans de la discipline arguent que la cohésion et les objectifs collectifs priment, tandis que les amoureux du spectacle regrettent les restrictions sur le duel interne. Chez Ferrari, cette question est presque philosophique, tant l’histoire de la Scuderia est jalonnée de consignes d’équipe polémiques – du célèbre « Let Michael pass for the championship » à Hockenheim 2002, jusqu’à aujourd’hui.
En Autriche, la hiérarchie a choisi l’efficacité. Mais au-delà du coup d’éclat, c’est toute la stratégie de la Scuderia qui se profile pour les prochaines courses. La performance intrinsèque de la SF-24 reste en question face à la concurrence : si la stabilité des décisions stratégiques est un point fort, il est urgent pour Ferrari de retrouver la voie des podiums réguliers afin d’apaiser les tensions et d’assurer l’avenir, notamment en vue de 2025. Car au-delà de la gestion immédiate des pilotes, c’est tout l’avenir de la maison rouge qui se dessine, entre fidélité à ses valeurs et nécessité de résultats.
Les prochaines manches du championnat seront l’occasion de voir si le choix de privilégier l’équipe portera ses fruits, ou s’il ne fera qu’exacerber les rivalités internes. Mais une chose est sûre : chez Ferrari, chaque décision continue de faire couler beaucoup d’encre, attisant la passion intense qui entoure la plus célèbre des équipes de F1.
