La dernière manche du championnat du monde de Formule 1 2023 s'est ouverte ce week-end sur le circuit de Yas Marina, à Abu Dhabi, avec une première séance d'essais libres (FP1) riche en enseignements. Alors que les projecteurs étaient braqués sur la lutte pour les dernières places du classement des constructeurs et du top 10 pilotes, cette FP1 s’est distinguée par la présence inhabituelle de nombreux jeunes talents venus goûter à la discipline reine du sport automobile.
En effet, la FIA impose depuis quelques saisons aux écuries de confier au moins deux séances d’essais à des pilotes n’ayant pas pris part à plus de deux Grands Prix. À Abu Dhabi, dernière occasion de l’année pour répondre à la réglementation, pas moins de dix rookies ont été alignés par les équipes, bouleversant la hiérarchie habituelle et apportant un vent de fraîcheur dans le paddock. Parmi eux, on retrouvait Jack Doohan pour Alpine, Ollie Bearman chez Haas, Frederik Vesti pour Mercedes ou encore Felipe Drugovich chez Aston Martin, chacun impatient de prouver sa valeur au volant d'une F1 moderne.
La pluie d’opportunités n'a cependant pas empêché les titulaires présents de se distinguer, à l’instar de George Russell. Profitant de pistes peu utilisées en début de journée, le pilote Mercedes a signé le meilleur temps de la séance en 1’26”072. Russell prouve ainsi la compétitivité toujours intacte des Flèches d’Argent sur les circuits à haute vitesse, même si la séance restait peu représentative en raison des nombreuses simulations de réglages et d’une piste évoluant constamment.
Derrière Russell, Felipe Drugovich a brillé au volant de l'Aston Martin en se hissant parmi les plus rapides, montrant qu’il était prêt à saisir une opportunité si elle se présentait à l'avenir. Vesti, dans la Mercedes sœur, s’est également illustré, tandis que les Ferrari, emmenées par Carlos Sainz, ont semblé prudentes, utilisant la séance pour accumuler des datas plus que pour chercher un tour chronométré. Les rookies ont globalement impressionné par leur adaptation rapide au comportement des monoplaces 2023, et leur capacité à gérer le trafic, la gestion des pneus et l’attention des médias.
Une mention particulière est à accorder à Ollie Bearman, qui n’a pas caché son enthousiasme après une expérience précieuse avec Haas, ainsi qu'à Zak O'Sullivan, qui a pris la piste pour Williams et qui, malgré un roulage limité à cause d’un souci technique, a engrangé un savoir inestimable. Le public a aussi pu apprécier la polyvalence d’un Robert Shwartzman (Ferrari), très à l’aise sur un circuit qu’il connaît bien, tout comme celui d'Isack Hadjar, étoile montante du sport français, qui a roulé avec Red Bull.
Il ne fallait toutefois pas tirer de conclusions hâtives des feuilles de temps, les conditions étant peu représentatives de ce que les pilotes affronteront en qualifications et en course, prévues en soirée sous un éclairage artificiel spectaculaire. Les titulaires comme ceux qui jouent encore des enjeux financiers majeurs pour leur équipe ont ainsi laissé transparaître une dose de réserve, focalisant leurs efforts sur le recueil des données plutôt que l’exploit pur.
La FP1 d’Abu Dhabi aura tout de même permis aux fans de savourer un avant-goût du futur de la F1, et d’observer à l'œuvre la prochaine génération de pilotes. Mais la tension ne fait que monter à la veille des dernières batailles du championnat, où chaque pause, chaque réglage, chaque tour pourrait avoir une incidence sur la hiérarchie finale. L’attention sera désormais tournée vers la FP2, plus représentative, et surtout vers les qualifications décisives de samedi. Qui de Red Bull, Mercedes, Ferrari ou Aston Martin prendra l’avantage sur cette piste exigeante ? Réponse dans les prochaines heures, alors que la saison 2023 touche à son terme dans cette enceinte moderne d’Abu Dhabi.