McLaren traverse actuellement l’une des phases les plus prometteuses depuis son retour en grâce sur la grille de la Formule 1 moderne. L’équipe basée à Woking est parvenue à développer une monoplace capable de rivaliser très régulièrement avec les leaders du plateau, notamment grâce à son duo de pilotes dynamique composé de Lando Norris et Oscar Piastri. Mais qui dit performance, dit également gestion interne des intérêts de chacun, un équilibre toujours délicat lorsqu’on approche des positions de podium semaine après semaine.
Ces dernières semaines, la pression monte quant à la stratégie de l’équipe, alors que certains observateurs et fans réclament l’instauration d’ordres d’équipe pour maximiser les chances de victoire ou de podium. Pourtant, du côté du management, la position est claire : McLaren ne prévoit pas de recourir aux ordres d’équipe, sauf dans des situations extrêmes où les intérêts globaux du team ou du championnat sont menacés. Une posture assumée qui fait écho à la « philosophie papaye » chère à Zak Brown et à Andrea Stella.
Pour le staff dirigeant, la croyance dans le fair-play sportif et la possibilité de laisser les deux pilotes courir librement fait partie intégrante de l’ADN de l’équipe. Plutôt que d’opter pour une mainmise autoritaire sur les stratégies, McLaren fait le choix du mérite sur la piste, estimant que c’est le meilleur moyen de motiver tous les membres du team – pilotes compris – et d’offrir le meilleur spectacle aux fans.
Il faut dire que la gestion des deux jeunes talents de Woking n’est pas de tout repos. Norris, déjà considéré comme l’un des futurs champions du monde potentiels, affiche une régularité impressionnante. Le natif de Bristol fait montre d’une maturité grandissante et ne cache pas son ambition de viser la plus haute marche du podium. De l’autre côté du garage, Oscar Piastri, rookie phénoménal, impressionne par sa rapidité d’adaptation et sa capacité à saisir chaque opportunité. Leur rivalité saine et leur respect mutuel sont devenus en quelques mois l’un des spectacles les plus appréciés du paddock.
Sur le plan du management sportif, la problématique est bien réelle : intervenir, c’est risquer de brider la dynamique compétitive ou de créer des tensions comme on l’a vu par le passé dans nombre d’écuries historiques. Ne rien faire, c’est prendre le risque de voir des points importants s’échapper sur une mauvaise appréciation en course, ou, pire encore, un accrochage fratricide à l’approche du drapeau à damiers. Cependant, McLaren fait le pari de la confiance, misant sur la discipline et la conscience professionnelle de ses pilotes pour éviter les drames, tout en visant les meilleures équipes au championnat constructeurs.
Cette philosophie se distingue d’autres teams qui, sous pression, n’hésitent pas à instaurer des consignes strictes dès la mi-saison. Un choix que certains critiquent, arguant la nécessité d’obtenir le maximum de points pour rivaliser avec Mercedes, Ferrari ou Red Bull. Il s’agit là d’un débat vieux comme la F1 : la liberté en piste vaut-elle le risque de tout perdre sur une mauvaise décision individuelle ?
Du côté des fans, ce positionnement « let them race » est majoritairement salué. Beaucoup soulignent que la F1, avant d’être une affaire de résultats, doit rester un sport où le mérite et le spectacle l’emportent. L’équipe McLaren 2024 pourrait bien marquer le retour de ce panache britannique qui fit jadis sa gloire, misant sur l’émulation interne plutôt que sur les consignes, quitte à faire quelques sacrifices stratégiques sur l’autel du pur pilotage.
Alors que la bataille pour le podium s’intensifie et que le paddock retient son souffle à chaque dépassement Norris-Piastri, une chose est certaine : McLaren, dans son orange papaye, incarne à nouveau le racing pur, pour le plus grand plaisir des amoureux de la Formule 1 authentique.