La saison 2024 de Formule 1 bat son plein et, parmi les équipes les plus discutées du paddock, McLaren occupe une place de choix. Après des débuts mi-figue mi-raisin, l’écurie britannique a réalisé une remontée spectaculaire, s’imposant comme la rivale la plus sérieuse face à Red Bull et Ferrari lors des courses récentes. Mais alors que la mi-saison approche, une question stratégique se pose : McLaren doit-elle imposer des consignes d’équipe pour maximiser ses chances au championnat du monde ?
Cette interrogation prend tout son sens au regard des performances de ses deux pilotes. Lando Norris et Oscar Piastri affichent tous deux une forme impressionnante. Norris, désormais auréolé de sa première victoire en carrière à Miami, s’est hissé dans la peau d’un potentiel prétendant au titre. Piastri, jeune talent australien, ne cesse de s’affirmer et pousse chaque week-end son équipier dans ses retranchements. Un duo aussi homogène se révèle à la fois une force et un dilemme pour les instances dirigeantes chez McLaren.
Face à une telle configuration, Zak Brown, le PDG de l’équipe, n’exclut pas la mise en œuvre de consignes d’équipe. Interrogé sur la question, il a admis qu’il serait « insensé » de ne pas envisager une telle option si la situation l’exigeait. « Notre objectif, c’est toujours de privilégier le collectif plutôt que les ambitions individuelles, » souligne-t-il, laissant transparaître le souci d’optimisation de la récolte de points au championnat, aussi bien chez les pilotes qu’au classement constructeurs.
Dans l’histoire de la Formule 1, la question des consignes d’équipe a toujours suscité débats et passions. Ferrari en 2002 ou Mercedes lors de la lutte interne entre Rosberg et Hamilton en sont les exemples les plus marquants. Si certains tifosi puristes prônent le « laissez-les courir », du point de vue stratégique, sacrifier quelques ambitions individuelles pour maximiser les chances collectives est parfois inévitable. Pour McLaren, où le duo Norris-Piastri est séparé de seulement quelques points au classement, la décision n’a rien d’évident.
Par ailleurs, avec le regain de performance affiché par la voiture orange papaye depuis les dernières évolutions techniques apportées à Miami, les attentes des fans et des sponsors montent en puissance. McLaren, absent des avant-postes depuis trop longtemps, rêve de renouer avec la victoire au championnat pilotes, un exploit qui leur échappe depuis la glorieuse époque de Lewis Hamilton en 2008. Face à la domination de Max Verstappen, chaque point compte, et la gestion des deux pilotes devient un enjeu clé.
Cependant, Brown et Andrea Stella, le directeur d’équipe, privilégient une approche pragmatique. Ils assurent vouloir laisser leurs deux pilotes se battre en piste tant que cela « ne nuit pas aux intérêts de l’équipe ». Mais ils confirment avoir des protocoles clairs si la bataille venait à compromettre des résultats importants. Concrètement, si l’un des deux prend une avance significative au championnat, il pourrait, à l’image de la F1 moderne, se voir favoriser via des stratégies décalées ou des consignes directes sur les fins de course.
Ce qui distingue McLaren, c’est la gestion humaine et l’esprit d’équipe insufflé entre Norris et Piastri. Leur respect mutuel, allié à leur superbe talent, offre des après-midi de pur spectacle pour les fans. Difficile, pour l’instant, d’imaginer une tension à la Rosberg-Hamilton. Mais avec quelques dixièmes et autant de milliers de fans séparant les deux hommes, rien n’est impossible dans ce sport où la rivalité fait partie de la magie de la Formule 1.
Les prochaines semaines s’annoncent donc capitales pour McLaren. L’enjeu : transformer une belle dynamique en véritable campagne pour le titre sans compromettre l’harmonie du garage. Un casse-tête passionnant dont l’issue, qu’elle passe ou non par des consignes d’équipe, ravira à coup sûr les supporters de la mythique écurie britannique… et tous les passionnés du championnat du monde.