La Formule 1 a connu de nombreux moments palpitants au fil des décennies, mais peu de Grands Prix ont su capturer l’imagination des fans comme le Grand Prix du Canada 2011. Cette course, tenue sur le Circuit Gilles-Villeneuve à Montréal, demeure à ce jour l’une des épreuves les plus spectaculaires et imprévisibles de l’histoire du sport, et elle a consacré Jenson Button comme maître du chaos et des retournements de situation.
Dès le départ, la tension était palpable. Après un début de saison dominé par Red Bull, les regards étaient tournés vers Sebastian Vettel, poleman, qui semblait promis à une nouvelle victoire facile. Mais les conditions météorologiques se sont chargées de redistribuer les cartes. Une pluie persistante a plongé la piste dans une incertitude totale, forçant les équipes à revoir sans cesse leur stratégie et rendant la lecture du déroulement de la course impossible, même pour les plus fins analystes.
Dans ce temple de la vitesse, la pluie s’est vite invitée. Les incidents n’ont pas tardé à se multiplier : accrochages, safety cars à répétition, interruptions de course… et un certain Jenson Button, relégué aux dernières places, devenant même la risée des commentateurs. Pourtant, c’est dans ces circonstances extrêmes que l’Anglais va révéler toute sa perspicacité, et sa capacité à tirer le meilleur parti de l’imprévu.
Button, contraint à pas moins de six passages par la voie des stands, semblait hors de la course. Un contact avec son propre coéquipier Lewis Hamilton, puis une pénalité pour vitesse excessive sous safety car, l’ont condamné à remonter inlassablement le peloton. Pourtant, chaque fois qu’il paraissait abattu, il faisait preuve d’un calme olympien, réalisant des dépassements millimétrés et profitant de la stratégie parfaite de McLaren. Quand les pluies s’atténuèrent, Button fut un des premiers à chausser les pneus slick, jouant brillamment avec le timing des arrêts.
La course a été interrompue pendant plus de deux heures en raison de l’intensité de la pluie, mais le suspense n’a cessé de croître. Les spectateurs, captivés, retenaient leur souffle à chaque relance, alors que Button pointait alors à la vingtième place ! Mais à force de pugnacité, de prises d’initiatives intelligentes et de talent pur, il a grignoté toutes les positions une à une, offrant un festival de dépassements jusqu’aux dernières minutes.
Lorsque, à la toute fin de la course, il se retrouva dans l’aspiration de la Red Bull de Vettel, personne n’osait y croire. Mais sous la pression, le leader allemand commit une rare erreur, glissant hors de la ligne idéale et ouvrant la voie à Button pour s’emparer de la tête à quelques virages de l’arrivée. La délivrance fut totale : Button avait triomphé après plus de quatre heures de lutte acharnée, une performance titanesque qui l’a aussitôt fait entrer dans la légende.
C’est ce genre de Grand Prix hors du commun qui nourrit la passion des amateurs de Formule 1. Ce Canada 2011 incarne tout ce qui rend ce sport fascinant : la nécessité de s’adapter aux éléments, la stratégie, l’audace et le talent de pilotage. Button, au sommet de son art, démontre ce jour-là que la victoire ne se joue pas seulement au volant de la meilleure voiture, mais aussi dans l’esprit, dans la gestion des imprévus et le refus de baisser les bras.
Onze ans après, les fans se remémorent encore cette épopée, preuve que la Formule 1 ne cesse jamais de nous étonner. Dans cette discipline où chaque détail compte, il reste toujours une part d’inconnu, et le Canada 2011 de Button restera, à jamais, l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire du sport automobile.