Dans le monde spectaculaire de la Formule 1, où la technologie, la vitesse et la rivalité règnent en maîtres, une figure en coulisses a marqué l’histoire du paddock autrement que par la puissance des moteurs ou la virtuosité des pilotes : Enrico Zanarini, le tout premier chef cuisinier dédié au cirque de la F1. Bien avant que les équipes n’investissent des millions dans des motorhomes sophistiqués et des expériences culinaires étoilées, Zanarini a révolutionné la vie du paddock avec une arme étonnamment simple : la convivialité autour d’une assiette de pâtes.
Originaire d’Italie, Zanarini n’était pas seulement un chef au talent reconnu, mais aussi un pilote amateur, ce qui lui a permis de comprendre la psychologie très particulière du sport automobile. Dans les années 1980, alors que la tension entre équipes et pilotes était palpable, il a constaté que la gastronomie pouvait briser la glace, détendre les esprits et transformer le paddock en un endroit plus humain. Grâce à ses plats authentiques, il a offert aux protagonistes de la F1 un espace d’échange rare, autour d’un repas partagé, où les rivalités s’atténuaient et où l’esprit de famille retrouvait sa place.
Sans surprise, son initiative s’est propagée comme une traînée de poudre dans le paddock. Très vite, les principaux acteurs de la F1 – pilotes, directeurs d’écurie, journalistes – se sont retrouvés autour de ses tables pour savourer ses lasagnes, ses boulettes de viande ou son tiramisu maison. Les anecdotes les plus savoureuses témoignent de repas où Ayrton Senna échangeait des anecdotes avec Nigel Mansell, ou où Niki Lauda offrait ses conseils à de jeunes recrues autour d’un espresso.

Cette culture de partage, impulsée par Zanarini, a profondément modifié l’ambiance du paddock. Les équipes ont compris que la performance ne se nourrissait pas uniquement d’innovations techniques, mais aussi d’un environnement sain et détendu. Les cuisiniers sont devenus des membres indispensables, les menus ont gagné en diversité, et certaines équipes n’hésitent plus à embaucher des chefs étoilés. Désormais, les repas sont pensés pour répondre aux défis nutritionnels des pilotes tout en maintenant une atmosphère chaleureuse, essentielle à la cohésion de l’équipe.
L’influence du premier chef du paddock ne s’arrête pas là : il a également joué le rôle de confident, de médiateur et même de pacificateur lors de conflits célèbres. Dans un sport où les tensions peuvent dégénérer, Zanarini a su réconcilier les plus grands adversaires autour de la même assiette, démontrant ainsi que la passion pour la course pouvait et devait rimer avec respect et convivialité. Les histoires racontent que de nombreux désaccords se sont résolus entre deux services, et que certaines alliances décisives sont nées entre deux parts de pâte à la carbonara.
Aujourd’hui, l’héritage de cette tradition persiste. Le paddock moderne, avec ses plateaux gourmand et ses cuisines mobiles dernier cri, reste fidèle à la vision d’Enrico Zanarini. Ce sont désormais des chefs internationaux qui régalent les écuries, adaptant les spécialités aux goûts des pilotes venus du monde entier. Si la technologie a évolué à une vitesse fulgurante, l’art de rassembler autour d’un bon repas, lui, demeure intemporel. Parce qu’en F1 comme ailleurs, il n’y a rien de mieux qu’une table partagée pour transformer les rivaux en amis… avec, comme ingrédient secret, la passion du sport automobile.