Alors que la saison 2024 de Formule 1 bat son plein, une nouvelle inattendue a suscité la curiosité des passionnés du paddock : Günther Steiner, figure emblématique et ancien patron de l’écurie Haas F1 Team, a préféré décliner un retour dans le championnat du monde de Formule 1, lui préférant un défi inédit dans le monde du MotoGP. Ce choix interroge ; pourquoi un homme aussi passionné par la F1 choisit-il de tourner la page, et qu’est-ce que cette décision révèle sur l’évolution du sport et du management sportif à haut niveau ?
Günther Steiner est loin d’être un inconnu pour les fans de sport automobile. Ingénieur de formation et gestionnaire hors pair, il a incarné, ces dix dernières années, la résilience, l’audace — et une certaine dose d’humour — au sein d’une équipe Haas parfois en lutte pour sa survie en fond de grille. Pourtant, lorsque plusieurs opportunités de retour en Formule 1 se sont présentées à lui après son départ en début d’année, Steiner a préféré refuser, expliquant que la nature actuelle du championnat, dominée par de grandes structures et un environnement de plus en plus rigide, ne correspondait plus à ce qu’il recherche comme accomplissement professionnel.
« Aujourd’hui, la F1 ressemble davantage à une grande entreprise qu’à un terrain de jeu pour les innovateurs et les esprits libres », aurait-il confié à ses proches. Pour Steiner, l’essence même de la compétitivité, de la prise de risque et des décisions audacieuses qui caractérisaient la F1 d’autrefois semblent diluées dans un univers réglé au millimètre, où chaque décision est dictée non seulement par la performance, mais aussi par des contraintes technico-financières et des stratégies marketing globales.

C’est donc vers le MotoGP, discipline reine du deux-roues, que Steiner choisit de tourner son regard. Il y trouve un championnat où, selon lui, l’esprit familial et humain prime encore sur la surinstitutionnalisation. Posséder ou manager une structure en catégorie reine des Grands Prix Moto, c’est redécouvrir ce contact direct avec les hommes, les pilotes, les ingénieurs, tout en gardant une marge de manœuvre créative pour innover en permanence. Cette fraîcheur, cette authenticité sportive, il la cherche depuis longtemps et estime l’avoir retrouvée dans la culture MotoGP.
Ce choix n’est pas sans rappeler l’itinéraire de plusieurs anciens acteurs de la Formule 1, désireux de retrouver une certaine spontanéité et proximité avec la compétition, là où la F1 moderne, bien qu’extrêmement performante et populaire, s’apparente quelquefois à une forteresse. Plus humaine, plus proche de ses fans, le MotoGP semble offrir le challenge sur-mesure pour Steiner et ceux qui, comme lui, regrettent l’époque des garagistes audacieux et des coups de poker techniques.
Pour les fans de Formule 1, ce transfert vers le MotoGP illustre les profondes mutations du sport. Si la F1 a opéré des transformations nécessaires pour garantir son avenir, elle laisse parfois sur le bas-côté ces passionnés qui privilégient la passion et l’artisanat à la puissance industrielle. Mais le regard critique de Steiner doit aussi inviter la F1 à questionner l’équilibre entre business et caractère sportif, entre spectacle total et authenticité. Son départ vers de nouveaux horizons montre bien que, même au plus haut niveau, la diversité des expériences et le renouvellement des défis sont essentiels pour maintenir la flamme du sport automobile.
Au final, les supporters du paddock garderont sans doute une affection particulière pour la verve et la sincérité de Steiner, tout en suivant avec intérêt ses futures aventures sur deux roues. Une chose est certaine : la passion du sport mécanique, elle, ne connaît pas de frontières – que ce soit sur quatre roues ou, désormais, sur deux.