Roger Hill, figure emblématique du sport automobile britannique, s’est éteint, laissant derrière lui un héritage incommensurable au sein de l’écurie Tyrrell et, plus globalement, dans le paddock de la Formule 1. Chef mécanicien légendaire, Hill a incarné la passion, la rigueur et l’esprit familial qui régnaient dans l’équipe de Ken Tyrrell, marquant plusieurs générations de pilotes et de techniciens. Son parcours exceptionnel, fait de dévouement et d’innovation, reste un exemple pour tous ceux qui œuvrent dans l’ombre du glamour des Grands Prix.
Né en 1940, Roger Hill fait ses premières armes dans la mécanique sur des voitures de sport britanniques avant d’intégrer l’équipe Tyrrell à la fin des années 1960. Très vite, il se distingue non seulement par ses compétences techniques pointues, mais aussi par sa loyauté indéfectible envers Ken Tyrrell. Alors que l’écurie s’engage dans le championnat du monde de Formule 1, Hill devient rapidement le pilier des opérations, assurant la fiabilité de machines innovantes — à l’image de la fameuse Tyrrell P34 à six roues — et orchestrant avec brio la logistique d’une petite équipe ambitieuse.
Des années 1970, où Tyrrell rivalisait avec Ferrari, Lotus et McLaren, jusqu'aux périodes plus difficiles de la décennie suivante, Hill a vécu toutes les joies et les défis propres à cette époque héroïque de la F1. Il a collaboré avec des légendes telles que Jackie Stewart, Jody Scheckter ou encore Patrick Depailler, forgeant souvent une profonde relation de confiance entre pilotes et mécanos. Sa capacité à trouver des solutions face aux problèmes techniques de dernière minute lui valait une immense reconnaissance de l’ensemble du paddock.
Le style de management de Roger Hill était unique. Il privilégiait la cohésion et le dialogue, renforçant ainsi une atmosphère familiale propre à Tyrrell, loin de la froideur des géants industriels de la discipline. Ses collègues se souviennent d’un homme à l’humour pince-sans-rire, mais toujours soucieux de la sécurité et du bien-être de ses hommes. Cette qualité humaine a permis à la structure de survivre à la tempête, même lors des années difficiles des années 1980, quand les budgets se faisaient plus contraints et la technologie plus pointue.
Son implication dans l’évolution technique de la F1 fut marquante. Si la P34 à six roues restera l’une des voitures les plus audacieuses jamais conçues, Roger Hill a également accompagné les virages majeurs du sport, qu’il s’agisse de l’introduction des moteurs turbo ou de l’arrivée des monoplaces à châssis carbone. Il savait toujours allier tradition artisanale et adoption des innovations, ce qui a permis à Tyrrell de rester compétitif même face à des usines nettement mieux dotées.
Après la vente de l’équipe au groupe BAR à la fin des années 1990, Hill poursuivit sa carrière auprès de collectifs historiques, contribuant régulièrement à l’entretien de monoplaces lors d’événements classiques ou de rassemblements d’anciennes gloires. Il n’hésitait jamais à transmettre son expérience aux jeunes générations, que ce soit dans le paddock ou lors de conférences, faisant perdurer la philosophie unique de l’équipe Tyrrell.
Au-delà de son parcours professionnel, Roger Hill restera dans la mémoire collective comme un véritable "garant de l’âme" de la Formule 1 d’antan, celle d’hommes passionnés, soudés autour de défis techniques et humains que seule la course peut offrir. Son nom s’ajoute à la liste des grands artisans qui ont forgé la légende de ce sport. Aujourd’hui, alors que la Formule 1 évolue sans cesse, son esprit, fait d’humilité, de compétence et de passion, continue d’inspirer celles et ceux qui rêvent de l’aventure des circuits.
