Depuis le retour du Grand Prix de Las Vegas, la Formule 1 a renoué avec l’extravagance et l’incertitude des circuits urbains illuminés par les néons, offrant des défis aussi spectaculaires que complexes pour les ingénieurs et les pilotes. Parmi les écuries qui cherchent encore à percer tous les mystères du Strip, McLaren occupe une place particulière : après une saison de sensationnelle remontée, Las Vegas s’annonce comme une véritable énigme à résoudre pour la structure de Woking.
Après un début de saison en demi-teinte, McLaren a opéré une transformation remarquable dès la mi-saison, notamment grâce à une série d’évolutions aérodynamiques majeures sur la MCL60. Lando Norris et Oscar Piastri n’ont pas seulement hissé l’équipe sur plusieurs podiums, mais sont aussi apparus comme les seuls véritables prétendants capables, à plusieurs reprises, de défier la domination Red Bull. Toutefois, Las Vegas a mis en lumière une faiblesse que l’écurie espérait avoir laissée derrière elle : la capacité à performer sur des circuits à faible adhérence et à longues lignes droites.
Le tracé de Las Vegas, composé principalement d’immenses lignes droites, de virages lents et d’asphalte froid, expose sans pitié les faiblesses des monoplaces qui peinent à mettre en température leurs pneus. McLaren, traditionnellement redoutable sur des circuits ‘stop and go’ ou à appui élevé — comme Singapour ou Suzuka —, a souffert d’un manque d’adhérence flagrant sous les projecteurs du Nevada. Le défi logistique et technique s’est révélé encore plus piquant avec des températures nocturnes qui compliquent le management des pneus et poussent à bout les stratégies des ingénieurs.
Les essais libres ont immédiatement confirmé les craintes des ingénieurs : la MCL60 éprouvait les pires difficultés à générer de la température dans ses gommes, glissant à chaque accélération en sortie de virage. Lando Norris lui-même, loin de son optimisme habituel, a pointé du doigt le cruel manque de grip qui entravait sa confiance, impossible de pousser la machine sans risquer la faute irréversible sous les wall street du Strip. Oscar Piastri a, de son côté, souligné combien les conditions piégeuses de Las Vegas rappelaient certains des débuts de saison laborieux de McLaren.
Cette faiblesse révélée ne doit pourtant pas occulter la formidable faculté d’adaptation de McLaren. Avec l’appui maximal autorisé sur ce circuit et des essais intensifs sur les réglages suspension et pression des pneus, les ingénieurs ne ménagent aucun effort afin d’optimiser la fenêtre de fonctionnement de leurs composés. La stratégie pourrait passer par un tour de chauffe particulier, des pressions plus basses ou même une gestion agressive des relais afin d’anticiper l’apparition du « graining » qui guette dès que la température baisse brutalement.
La remontée de McLaren cette année apporte une confiance inédite : l’équilibre trouvé dans la collaboration entre Norris, Piastri et le département technique, illustrée par la rapidité des ajustements de setup lors des essais, pourrait finir par payer. Même si le podium paraît difficile à atteindre sur le papier à Vegas, la capacité d’apprentissage et d’ajustement de l’équipe pourrait permettre de limiter la casse voire de transformer l’essai en trouvant la fenêtre de performance idéale au meilleur moment, là où la concurrence commettra une erreur.
Pour les fans de la marque anglaise, la suite de la saison sera cruciale. Las Vegas agit comme baromètre : si McLaren réussit à identifier et corriger ses points faibles sur ce genre de tracé, alors l’espoir est permis pour 2024. L’objectif reste d’aborder chaque nouveau circuit avec non seulement la résilience d’une équipe qui apprend vite, mais aussi l’esprit offensif qui caractérise la plus dynamique des formations du plateau actuellement. Un défi relevé, et les papayas pourraient bien devenir la plus sérieuse surprise de la prochaine saison.