Le Grand Prix de Las Vegas a offert son lot de surprises et de rebondissements, mais une controverse technique pourrait bien voler la vedette à l’éclat des néons. En effet, les deux pilotes McLaren, Lando Norris et Oscar Piastri, se retrouvent au centre d’une investigation réglementaire portant sur l’usure excessive de la planche de leurs monoplaces. Si la situation se confirme, ils risquent une disqualification pure et simple, un scénario qui bouleverserait le classement de la course et potentiellement le championnat du monde.
Le fond plat de la voiture, dont la fameuse « planche » en bois (ou plus exactement en composite) est un élément central, joue un rôle fondamental pour garantir une hauteur minimale de la monoplace par rapport au sol. Instaurée pour des raisons de sécurité et d’équité technique, cette règle vise à limiter l’effet de sol et notamment l’adoption de hauteurs de caisse trop basses, qui pourraient engendrer des situations dangereuses. Lors des contrôles post-course effectués par la FIA, il a été constaté que les monoplaces des pilotes McLaren affichaient une usure de la planche supérieure à la limite réglementaire autorisée.
Cette situation n’est pas sans précédent en Formule 1. On se souvient notamment de la disqualification tristement célèbre de Michael Schumacher lors du Grand Prix de Belgique 1994 pour une infraction similaire. La règle stipule que l’épaisseur de la planche, mesurée à plusieurs endroits précis, ne doit pas descendre en dessous de 9 mm, sous peine de disqualification immédiate. Les équipes expliquent souvent ce phénomène par des circonstances de course exceptionnelles ou des passages répétés sur des bordures agressives, mais la rigidité du règlement laisse généralement peu de marge de manœuvre.
L’ambiance pesante qui règne maintenant dans le box McLaren contraste avec les espoirs soulevés par le rythme solide affiché sur la piste tout le week-end. Norris et Piastri se sont hissés aux avant-postes à plusieurs reprises, démontrant que l’équipe britannique a parfaitement compris les subtilités du tracé urbain si particulier du « Strip ». Mais cette possible infraction technique pourrait effacer tous les efforts consentis, et redistribuer les positions dans un championnat déjà sous haute tension.
Sur le plan stratégique, la gestion des hauteurs de caisse a toujours constitué un art subtil, surtout sur des circuits récemment asphaltés, avec des bosses accentuées et un grip évolutif. Certaines équipes, à la recherche d’un temps au tour décisif, flirtent en permanence avec la limite réglementaire, quitte à risquer le franchissement de la ligne. À Las Vegas, une erreur d’appréciation ou un simple incident de course — comme un passage un peu trop appuyé sur un vibreur — peut suffire à compromettre la légalité d’une monoplace.
L’éventuelle disqualification de Norris et Piastri remettrait en jeu de précieux points pour la lutte en milieu de grille, où quelques unités peuvent faire la différence au championnat des constructeurs. Cela offrirait aussi une opportunité inattendue à des équipes comme Alpine, Williams ou même Alfa Romeo de grappiller des positions. Le paddock est fébrile dans l’attente du verdict des commissaires sportifs, qui devraient trancher dans les prochaines heures.
Au-delà de la technique, cette situation rappelle à quel point chaque détail compte en Formule 1. Les ingénieurs travaillent d’arrache-pied pour concilier performance et respect du règlement, dans un ballet millimétré où l’audace se heurte parfois à la rigueur des inspections post-course. Les fans, eux, retiennent leur souffle et espèrent que le spectacle sur la piste restera la principale attraction du week-end, au cœur de la ville qui ne dort jamais. Quoi qu’il advienne, le Grand Prix de Las Vegas restera déjà dans les mémoires comme un épisode riche en suspense et en émotions.